Avec près de 100 milliards de primes collectées en 2022 (*), l’assurance représente un marché très attractif. Malgré les instabilités de l’économie, le marché a cru de plus de 4% par an depuis 2018 (contre moins de 2,5% par an pour l’économie en général). Intermédiaires indispensables sur ce marché, les courtiers bénéficient de ce dynamisme : chaque année ils se partagent plusieurs centaines de millions d’euros de commissions, synonymes de multiples opportunités pour ces acteurs historiques, mais aussi pour ceux qui se lancent dans la profession.
Néanmoins, derrière ces chiffres impressionnants, se cache une réalité plus nuancée. La profession de courtier en assurance est marquée par une grande hétérogénéité des revenus, révélant un écart considérable entre les acteurs de ce marché. Pour comprendre les dynamiques sous-jacentes de cette disparité, nous avons mené une enquête approfondie, interrogeant plusieurs dizaines de courtiers en France. Notre objectif ? Vous fournir une analyse complète et sans concession, tant sur le plan des revenus que des spécialisations et des structures les plus rémunératrices dans le domaine de l'assurance.
Pour être précis lorsqu’on parle de rémunération d’un courtier en assurance, il faut savoir si l’on parle d’une courtier indépendant et à son compte, ou d’un courtier salarié d’un cabinet de courtage. En effet, le courtier à son compte est chef d’entreprise et sa rémunération dépend totalement de son activité, tandis que le courtier salarié est rémunéré comme un commercial avec une partie fixe “garantie” et une partie variable liée à son activité commerciale.
Dans notre article, nous distinguons les deux typologies de courtier pour être sûr de ne pas faire de confusion.
Le revenu moyen d’un courtier en assurance en fonction de son statut mais aussi de son niveau d’expérience. Il s’agit d’un métier technique qui nécessite plusieurs années d’expérience avant d’être maîtrisé. Naturellement, les revenus associés évoluent.
Ordres de grandeurs moyens de rémunération observés durant notre étude :
Dans notre étude, la catégorie des "courtiers débutants" comprend tous les courtier en exercice depuis moins de 3 ans. La première année, si vous n’avez pas acheté ou hérité d’un portefeuille de départ, il n’est pas rare de rester en-dessous de 10 000 € de rémunération annuelle, soit un niveau équivalent au Smic. Ce revenu progressera plus ou moins vite selon la rapidité de développement de votre portefeuille.
En tant que courtier indépendant, vous pouvez aussi parier sur la revente à terme de votre portefeuille. Selon estimations, la valeur d’un portefeuille varie entre 1,5x et 2x le montant des commissions annuelles. Cela peut compenser le démarrage progressif de votre activité.
Nota Bene : il n’existe pas d’étude statistique complète qui permette d’authentifier ces chiffres. Nous les avons obtenus en interrogeant plusieurs courtiers via des études qualitatives.
Les courtiers salariés et indépendants ne sont pas rémunérés de la même manière.
Le courtier indépendant est chef d’entreprise et sa rémunération est totalement variable. En tant que chef d’entreprise, il ne reçoit pas de salaire et n’a pas de revenu garanti. Le courtier indépendant est rémunéré en fonction de son activité, principalement via 3 mécanismes : les commissions, les frais de gestion et/ou honoraires, les surcommissions.
Les commissions représentent un pourcentage d’une prime ou une somme spécifique qui est versée au courtier pour la vente de contrats d’assurance. L’objectif du système de commission est de compenser le travail mis en place par le courtier pour accompagner le client dans sa recherche du contrat le plus adapté pour ses besoins, coordonner la souscription du contrat en dialogue avec l’assureur (vérification de l’éligibilité du client, signatures des documents, récupération de pièces justificatives, explication des garanties au client, etc.
Il existe 2 sortes de commissions :
Quelques particularités importantes, que vous ne pourriez ne pas maîtriser si vous vous êtes lancés récemment dans le courtage :
Assurance de personnes : commissions moyennes observées, par contrat.
Avec escompte de 12 mois à partir de la date d'effet du contrat.
Assurance de biens : commissions moyennes observées, par contrat.
Avec escompte de 12 mois à partir de la date d'effet du contrat.
En général, les commissions d’apport et de renouvellement sont équivalentes mais ces dernières années des nouveaux modèles de commissions ont été instaurés pour récompenser davantage le courtier à l’acquisition du contrat. Les systèmes les plus connus en ce sens sont :
Attention, si le client résilie son contrat la première année, l’assureur ou le grossiste, vous demandera de rembourser la commission précomptée. Le plus courant, c’est qu’il déduira cette somme de vos futures commissions. Donc soyez vigilant à ce que vos clients soient contents de leurs choix et ne reviennent pas sur leur adhésion.
Remarque : ces systèmes de rémunération font l’objet de discussions entre le régulateur et les acteurs du courtage dans la mesure où ils inciteraient à des mettre en place des pratiques de vente trop agressives de la part des courtiers, pas toujours dans l’intérêt des clients. La légitimité du précompte est donc régulièrement remise en cause mais demeure aujourd'hui autorisée.
Ce sont les frais facturé à vos clients pour les services fournis dans le cadre de la recherche, de la sélection et de la gestion de polices d'assurance. Dans la théorie, le courtier est libre de fixer le montant de ses honoraires comme il le souhaite. Dans les faits, la gestion des frais et honoraires est souvent coordonnées par l'assureur ou le courtier grossiste distribuant le contrat, et les montants sont rétrocédés au courtier en même temps que la prime d'assurance. Les frais peuvent être ponctuels (à la souscription, au renouvellement, au sinistre) ou récurrents (chaque mois).
Le montant des frais ou honoraires oscillent le plus souvent entre 30€ et 200€ et ils tendent à garantir la rentabilité du travail du courtier, notamment dans 2 cas :
Ceci étant dit, les pratiques restent très variées selon les contrats et les courtiers. On peut citer 4 facteurs qui ont tendance à influencer la pratique de frais ou honoraires :
Chez certaines compagnies d’assurance, et sous certaines conditions, une commission supplémentaire peut être reversée par les compagnies en rétribution d’un volume de contrat minimum, ou de primes, apporté par le courtier sur une année donnée. L’objectif des surcommissions est de récompenser les meilleurs courtiers partenaires du point de vue d’une compagnie. Pour connaitre le système de surcommission auquel vous avez droit, veuillez vous rapprocher de votre compagnie d’assurance.
Assurance de personnes : Exemples de surcommissions chez une compagnie d'assurance de premier plan.
Le courtier salarié a le même rôle qu’un indépendant, c’est-à-dire qu’il doit conseiller ses clients en fonction de leurs besoins et de leurs moyens financiers pour qu’ils puissent avoir la couverture la mieux adaptée à leur situation.
Même si les tâches sont similaires, les niveaux de rémunération sont différents. Le courtier salarié reçoit un salaire, comme un commercial d’entreprise, avec une partie fixe et une partie variable. Les commissions générées par les contrats qu’il conseille à ses clients sont reversées à son cabinet de courtage, qui en rétrocède une partie à ses employés une partie sous la forme de variable de salaire.
En définitive, un courtier salarié a le désavantage d’avoir un revenu plafonné, seulement le fait d’être salarié lui permet d’avoir un salaire fixe minimum, en-dessous duquel l’entreprise ne peut pas descendre et d’avoir les avantages des salariés habituels (en particulier le droit au chômage). Bien souvent, les courtiers salariés finissent pas monter leur propose structure, et par passer indépendant, une fois qu’ils ont acquis une expérience suffisante.
Le salaire d’un courtier dépend de sa situation mais aussi d’autres facteurs importants. Nous allons les passer en revue.
Ce qui va également influencer son salaire, ce sont les commissions et les honoraires qu’il va percevoir. Pour que son salaire soit meilleur, il va devoir élargir son portefeuille client et vendre davantage de contrats.
En tant que chef d’entreprise, ou que courtier salarié d’un cabinet, vous vous fixerez nécessairement des objectifs ambitieux d’expansion de votre portefeuille. Ce qui est tout—à-fait rationnel pour protéger votre portefeuille d’une potentielle érosion au fil des années (certains contrats n’étant peut-être pas renouvelés éternellement), et maximiser le potentiel de revente de votre portefeuille. Rappelons qu’aujourd’hui un portefeuille d’assurance est en général revendu entre 1,5x et 1,8x le volume de commissions en contrats d'assurance de biens et 2,0x à 2,3x le volume de commissions en contrats assurance de personne.
Plusieurs leviers crédibles existent pour augmenter sa rémunération :
Les modes de rémunération des distributeurs de produits d’assurances sont rigoureusement encadrées par des directives de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), précisant que « les régimes de rémunération ne doivent pas être préjudiciables à la poursuite de l’intérêt des clients ».
En particulier, la Directive de 2016 sur la DDA (Distribution d’Assurance) énumère 3 règles d’or qui doivent être obligatoirement appliquées :
Source : Article L. 521-1 I du code des assurances
En clair, un courtier ne doit pas poursuivre des objectifs qui pourraient le mener à avoir des intérêts en conflit avec celui du client. Vous pourrez en savoir plus en lisant cet article de l'Argus de l'Assurance.
(*) Source : FFA, Panorama 2022, marché de l’assurance hors assurance vie & capitalisation représente 94 milliards de primes en 2022.
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Dès lors qu'il est habilité à exercer un courtier en assurance est libre de proposer tout type d’assurance : assurance de biens comme assurance de personne. Il existe des courtiers généralistes mais aussi des courtiers spécialisés, qui auront des offres très diverses sur un secteur spécifique (par exemple sur la Responsabilité Civile Décennale).
Si un problème survient avec l'assureur, la responsabilité du courtier peut être engagée si une faute a été commise de sa part.
Pour se démarquer de la concurrence, il faut proposer un service de qualité et personnalisé grâce à de bons partenariats et devenir un expert dans le domaine de spécialisation choisi.
Pour gagner sa vie en tant que courtier, il est important de maîtriser son environnement, c’est-à-dire de comprendre les tendances, les offres concurrentes et les opportunités clients.
Il est fortement recommandé d’avoir un espace professionnel pour renvoyer une meilleure image, crédibilité et visibilité auprès de la clientèle. Cependant il n'y a pas d'obligation à cela et il existe un grand nombre de courtiers qui n'ont pas de local professionnel, ou qui attendent d'atteindre une taille critique pour ouvrir un local.
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